THEATRE
DU CARRE ROND 23
rue des trois rois - 13006 Marseille.
Métro: Notre Dame du Mont Parking Cours Julien ou Place Jean
Jaurès(La plaine).
Bar Salle Climatisée. Tel 06.11.29.25.05 plan.
Jean-Paul
Sartre. 1905-1980.
Après l'Ecole Normale Supérieure, Jean-Paul Sartre passe l'agrégation
en 1929 - c'est à cette période qu'il fait la connaissance de Simone de
Beauvoir. Il est nommé professeur de philosophie au lycée du Havre, puis
à Neuilly en 1937.
La Seconde
Guerre Mondiale, dans laquelle il est tour à tour soldat, prisonnier et
auteur engagé, lui permet d'acquérir une conscience politique et de ne
plus être l'individualiste qu'il a été dans les années 1930. Pendant la
guerre, il rédige son premier essai qui deviendra son oeuvre philosophique
majeure, "L'Être et le Néant", où il approfondit les bases théoriques
de son système de pensée. Recruté par Albert Camus en 1944, il devient
reporter dans le journal "Combat".
Dans les
années qui suivent la libération, Jean-Paul Sartre connaît un énorme succès
et une très grande notoriété comme chef de file du mouvement existentialiste
qui devient une véritable mode. Dans la revue "Les Temps modernes"
qu'il a créée en 1945, il prône l'engagement comme une fin en soi, avec
à ses côtés Simone de Beauvoir, Merleau-Ponty et Raymond Aron.
Jean-Paul
Sartre est l'héritier de Descartes et a été influencé par les philosophes
allemands Hegel, Marx, Husserl, et Heidegger. Dans "l'Etre et le
Néant", traité de l'existentialisme d'un abord difficile car s'adressant
aux philosophes, il aborde les rapports entre conscience et liberté. L'ouvrage
s'articule autour des thèmes de la conscience, de l'existence, du pour-soi
(manière d'être de l'existant), de la responsabilité de l'être-en-situation,
de l'angoisse lorsque la conscience appréhende l'avenir face à sa liberté,
de la liberté d'échapper à l'enchaînement des causes et déterminations
naturelles, du projet lorsque la conscience se projette vers l'avenir.
Pour Jean-Paul
Sartre, Dieu n'existant pas, les hommes n'ont pas d'autres choix que de
prendre en main leur destinée à travers les conditions politiques et sociales
dans lesquelles ils se trouvent.
Le théâtre
et le roman sont pour Jean-Paul Sartre un moyen de diffuser ses idées
grâce à des mises en situation concrète (Huis clos, Les mains Sales, La
nausée...). Il mène une vie engagée en se rapprochant du Parti communiste
en 1950, tout en gardant un esprit critique, avant de s'en détacher en
1956 après les événements de Budapest.
Jean-Paul
Sartre garde cependant ses convictions socialistes, anti-bourgeoises,
anti-américaines, anti-capitalistes, et surtout anti-impérialistes. Il
mène jusqu'à la fin de ses jours de multiples combats : contre la guerre
d'Algérie et la guerre du Viêt-Nam, pour la cause palestinienne, les dissidents
soviétiques, les boat-people.... Il refuse le prix Nobel de littérature
en 1964 car, selon lui, "aucun homme ne mérite d'être consacré de
son vivant".
theatre carré rond marseille
Dominique
Lamour
Metteur en scène - Comédien - Chanteur. Co-fondateur
de la Compagnie et du Théâtre du Carré rond de Marseille, il crée ce lieu
en 2008 avec Michel
Adjriou proposant une mise en
scène atypique de la
Cantatrice Chauve d'Eugène Ionesco qui a déjà accueilli plusieurs
milliers de spectateurs.. Il met en scène ensuite plusieurs pièces : Le
Projet Laramie de Moisés Kaufman
d'après un fait divers authentique sur le meurtre sauvage d'un jeune étudiant
gay américain, puis se replonge dans l'univers de Ionesco pour monter
Rhinocéros
et réalise Manhattan
Medea de Dea Loher, pièce contemporaine inspirée du mythe de
Médée et Jason transposé dans le New-York d'aujourd'hui. Il propose en
Janvier 2014 Huis
Clos de Jean-Paul Sartre puis
met en scène une adaptation de La
Métamorphose de Franz Kafka. Il présente en juin 2016 Roberto
Zucco de Bernard-Marie Koltès, l'histoire du tueur en série
italien Roberto Succo puis entreprend en 2018 les mises en scène Des
bons bougeois de René de Obaldia,
de Oh
les beaux jours de Samuel Beckett et en 2019/2020 Les
Larmes Amères de Petra von Kant de
Rainer Werner Fassbinder, Les
Justes d'Albert Camus et Antigone
de Jean Anouilh qui seront reprogrammés en 2025. En
2023/2024, il réalisera la mise en scène de "Art"
de Yasmina Reza puis en 2024/2025 une adaptation du Don
Quichotte de Miguel de Cervantes et, avec Michel Adjriou, "Qui
est Monsieur Schmitt" de Sébastien Thiery. Dominique Lamour
reprend également régulièrement depuis 18 ans le répertoire de
Georges Brassens accompagné par
Nicolas Mattéï (guitare solo) Aurélien Lamour (guitare rythmique) et Jean-Christophe
Gautier (contrebasse).
La Cie du Carré Rond présente
HUIS CLOS
Jean-Paul Sartre Texte
Intégral l’
avis des spectateurs.
Trois personnages
se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Il s'agit
de Garcin, journaliste, Inès, employée des Postes et Estelle,
une riche mondaine. Ils ne se connaissent pas, viennent
de milieux très différents, ne partagent ni les mêmes convictions
ni les mêmes goûts. Dans cette pièce débute alors un procès
à huis clos où chacun des trois personnages juge et est
jugé sur les actes qui composent son existence. Jean-Paul
Sartre nous décrit ici « son enfer » avec brio dans lequel
il n'y a ni bourreau, ni d'instruments de torture physique
: « l'enfer, c'est les autres ». Cette phrase, qui a valu
à Sartre les pires accusations, explique seulement que la
vie « se ressent, se perçoit » à travers les autres ; rien
ne vaut les individus qui nous font prendre conscience de
nous-même, de la triste réalité humaine, mais qui restent
nécessaires pour se réaliser. Les trois protagonistes se
débattent sans cesse pour échapper à leur situation mais
l'Enfer finit par reprendre le dessus. Cette pièce de théâtre
est en un acte composé de cinq scènes, dont la dernière
est hypertrophiée.
Sartre, Commentaire sur Huis Clos, 1964
Quand on écrit une pièce, il y a toujours des causes occasionnelles
et des soucis profonds. La cause occasionnelle c'est que,
au moment où j'ai écrit Huis clos, vers 1943 et début 44,
j'avais trois amis et je voulais qu'ils jouent une pièce,
une pièce de moi, sans avantager aucun d'eux. C'est-à-dire,
je voulais qu'ils restent ensemble tout le temps sur la
scène. Parce que je me disais que s'il y en a un qui s'en
va, il pensera que les autres ont un meilleur rôle au moment
où il s'en va. Je voulais donc les garder ensemble. Et je
me suis dit, comment peut-on mettre ensemble trois personnes
sans jamais en faire sortir l'une d'elles et les garder
sur la scène jusqu'au bout, comme pour l'éternité. C'est
là que m'est venue l'idée de les mettre en enfer et de les
faire chacun le bourreau des deux autres. Telle est la cause
occasionnelle. Par la suite, d'ailleurs, je dois dire, ces
trois amis n'ont pas joué la pièce, et comme vous le savez,
c'est Michel Vitold, Tania Balachova et Gaby Sylvia qui
l'ont jouée.
Mais
il y avait à ce moment-là des soucis plus généraux et j'ai
voulu exprimer autre chose dans la pièce que, simplement,
ce que l'occasion me donnait. J'ai voulu dire « l'enfer
c'est les autres ». Mais « l'enfer c'est les autres » a
été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par
là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés,
que c'était toujours des rapports infernaux. Or, c'est tout
autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports
avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut être
que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond,
ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre
propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur
nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous
usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous,
nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous
ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours
le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de
moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire
que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale
dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer.
Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont
en enfer parce qu'ils dépendent trop du jugement d'autrui.
Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres
rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance
capitale de tous les autres pour chacun de nous.
Deuxième chose que je voudrais dire, c'est que ces gens
ne sont pas semblables à nous. Les trois personnes que vous
entendrez dans Huis clos ne nous ressemblent pas en ceci
que nous sommes tous vivants et qu'ils sont morts. Bien
entendu, ici, « morts » symbolise quelque chose. Ce que
j'ai voulu indiquer, c'est précisément que beaucoup de gens
sont encroûtés dans une série d'habitudes, de coutumes,
qu'ils ont sur eux des jugements dont ils souffrent mais
qu'ils ne cherchent même pas à changer. Et que ces gens-là
sont comme morts, en ce sens qu'ils ne peuvent pas briser
le cadre de leurs soucis, de leurs préoccupations et de
leurs coutumes et qu'ils restent ainsi victimes souvent
des jugements que l'on a portés sur eux.
À partir de là, il est bien évident qu'ils sont lâches ou
méchants. Par exemple, s'ils ont commencé à être lâches,
rien ne vient changer le fait qu'ils étaient lâches. C'est
pour cela qu'ils sont morts, c'est pour cela, c'est une
manière de dire que c'est une « mort vivante » que d'être
entouré par le souci perpétuel de jugements et d'actions
que l'on ne veut pas changer.
De sorte que, en vérité, comme nous sommes vivants, j'ai
voulu montrer, par l'absurde, l'importance, chez nous, de
la liberté, c'est-à-dire l'importance de changer les actes
par d'autres actes. Quel que soit le cercle d'enfer dans
lequel nous vivons, je pense que nous sommes libres de le
briser. Et si les gens ne le brisent pas, c'est encore librement
qu'ils y restent. De sorte qu'ils se mettent librement en
enfer.
Vous voyez donc que « rapport avec les autres », « encroûtement
» et « liberté », liberté comme l'autre face à peine suggérée,
ce sont les trois thèmes de la pièce.
Je voudrais qu'on se le rappelle quand vous entendrez dire...
"L'enfer c'est les autres"
L'avis des spectateurs:
Bagrain
Huis Clos
Un huis clos saisissant .
Très bonne soirée, excellente maîtrise du jeu des comédiens, dans
une mise en scène réussie.
AdrianF
Huis Clos Un Huis Clos magnifique, des superbes
acteurs ayant créé une telle atmosphère qu'on a du mal à éteindre
la lumière le soir désormais!
Anita
Huis Clos Merci pour cette bonne soirée passée
hier soir pour voir HUIS CLOS. Les acteurs étaient parfaits, chacun
avait un rôle qui lui collait complétement, de la justesse, de l'énergie
(beaucoup), on ne s'ennuie jamais pendant toute la durée du spectacle
et la fin en apothéose nous laisse un peu bizarre au moment où la
lumière s'éteint. Bravo.
Emilie.
Huis clos
Le texte de Sartre prend, dans l'intensité du jeu de scène et la
force des comédiens, une ampleur que je n'avais pas mesurée. J'ai
eu l'impression de redécouvrir le texte, et même de comprendre certaines
choses. Toutes les émotions prennent place, et l'existence, dans
ses beautés et ses turpitudes, est mise en évidence. Je dis "évidence",
mais en réalité, sans votre contribution, je n'aurais pas pu voir
à quel point ces questions sont si prégnantes. Je suis sortie émue
et bouleversée de ce huis-clos saisissant. Merci infiniment pour
votre remarquable, honnête et brillante interprétation. "